Comme le faisait justement remarquer un confrère d'un titre de la presse nationale, la « pactomania » fait des ravages. Dans plusieurs siècles, les amateurs de spéléologie politico-administrative découvriront, sans doute avec effroi, l’ampleur du pactaquès : pacte de compétitivité, pacte de responsabilité, pacte de solidarité, pacte de stabilité, pacte de confiance avec les hospitaliers, pacte pour l’égalité, pacte pour l’artisanat, pacte d’avenir pour la Bretagne, etc. Même s’il existe le Pacte PME et le Pacte Défense PME, cette pactophilie galopante, presque pacthologique, n’a pas encore (trop) frappé la commande publique, alors que le champ des possibles est immense. C’est en effet une sorte de pacte que le conseil général de Seine-Saint-Denis a passé avec ses agents pour qu’ils évaluent les fournisseurs stratégiques (lire notre article), et que Jean-Lou Blachier propose aux entreprises et aux donneurs d’ordres pour favoriser le mieux disant (lire notre invité du jeudi). Les pouvoirs adjudicateurs auraient tout intérêt à conclure un pacte, sinon avec le diable, tout au moins avec les acteurs de l’assurance pour bien distinguer l’assureur de ses mandataires sur l’acte d’engagement. La communauté d’agglo du pays d’Aix a ainsi perdu un pactole de 750 000 euros (lire notre article). Même topo pour les marchés de prestations juridiques. Un acheteur avait prévu la possibilité de présenter des offres en groupement solidaire pour les représentations devant les différentes juridictions. Pactatras, le marché a été annulé car le monopole des avocats au conseil s’oppose à cette forme de co-traitance (lire notre article). Et pourquoi ne pas lancer un pacte de non-agression au sujet de l’indemnisation des travaux supplémentaires et du montant des pénalités de retard (lire notre article) ? Bon allez, c’est le terminus de cet édito pactéthique digne de l’association Molotov- Ribbentrop. Je ne vous donne pas rendez-vous semaine prochaine, car c’est la trêve estivale : nos éditions reprendront le 1er septembre. D’ici là portez-vous bien et bonnes vacances pour ceux qui ne sont pas encore partis...

Jean-Marc Binot
(amateur de pactes al dente)