Chronique d’une mort annoncée

  • 22/02/2018
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Même s’il s’agit d’une épreuve douloureuse, voire un déchirement, pour une partie d’entre vous, l’heure du glas approche inexorablement pour les offres papier dont les funérailles sont annoncées le 1er octobre. Les plus nostalgiques humeront encore pendant quelques mois la bonne odeur de la plaquette commerciale fraîchement sortie de l’imprimerie. Ils caresseront, avec mélancolie et délicatesse, les pages des DC 1 et DC 2 fabriquées grâce à la contribution (involontaire) des arbres qui n’en réclament pas tant, et aménageront, dans un coin de bureau, un mausolée à rendre jaloux celui d’Halicarnasse, ses trente-six colonnes et son quadrige sculpté. Les irréductibles se consoleront en se disant qu’ils pourront toujours essayer de caser leurs consultations dans les dérogations prévues ou de saucissonner savamment tous leurs marchés à moins de 25 000 euros afin d’échapper à la digitalisation. Récalcitrants et regimbeurs de tous poils prieront avec ferveur Saint-Rita de Cascia et Saint-Jude pour que les entreprises continuent de faire comme si de rien n’était et transmettent, au moins durant un moment, leurs propositions à la mode Gutenberg. Si le ciel se hasarde à exaucer ces voeux, il risque de mettre les solliciteurs une position pour le moins délicate. Car que faire de ces offres qui ne respectent pas la réclamation en vigueur ? Alors que les avocats consultés s’accordent sur le fait de les déclarer irrégulières, ils sont toutefois plus partagés sur la possibilité de pouvoir les repêcher et s’interrogent sur la notion d’offre à partir de l’automne prochain. Avec une problématique qui aurait pu intéresser Arthur Schopenhauer : peut-on régulariser une offre qui n’existe pas si elle est définie par son support d’acheminement ? (lire notre article). Bon allez, je vous quitte, c’est l’heure de la mise en bière. J’hésite entre une blonde, une blanche, une ambrée et une stout. L’essentiel, c’est qu’elle soit tirée en grande pompe. A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot