Un outil pour estimer le coût global d’un achat

  • 06/10/2011
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Militante de l’achat public durable, l’association internationale ICLEI, déjà initiatrice de la campagne Procura Plus, propose, dans le cadre du programme Smart SPP, un tableur capable d’estimer les coûts du cycle de vie d’un produit ou d’un service, et d’en calculer l’empreinte carbone.

La commande publique, activité quotidienne, représente un gros potentiel pour le développement durable, a affirmé Pekka Sauri, député-maire d’Helsinki, et responsable de la campagne Procura Plus (1), à l’occasion de l’atelier consacré à l’achat responsable, lors assises de l’association ICLEI - association internationale de pouvoirs locaux en faveur du développement durable - à Bruxelles le 13 septembre dernier. Et les marchés publics participent à l’atteint des objectifs que se fixent l’Union en matière de croissance intelligente, a ajouté, en substance, Alenka Burja, DG de la direction Environnement de la Commission européenne. La rencontre a rassemblé une trentaine de personnes venues des quatre coins de l’Europe, à l’exception des Français, lesquels, comme à leur habitude, ont brillé par leur absence. Les échanges ont montré que les problématiques n’évoluent guère. Au hit-parade, figure toujours l’éventuel surcoût de l’achat durable, sujet de discorde et handicap de poids, au moins dans les têtes. Car malgré les discours et les bonnes intentions, on sait que le prix reste le critère déterminant dans bien des appels d’offres. Prenant l’exemple du bio, le député-maire de la capitale finlandaise a déclaré que si l’on veut de la qualité supérieure pour approvisionner les cantines scolaires, on doit se préparer à payer plus cher. Son intervention a fait réagir un participant : il faut tordre le cou à l’idée reçue que l’achat durable est forcément plus onéreux, surtout si l’on réfléchit en coût global. Oui, mais voilà, la vision à long terme n’est pas forcément compatible avec l’agenda politique, a rappelé Jelena Kremenjaš, membre d’un projet de gestion de l’énergie pour les collectivités locales croates. Acheter durable, c’est chercher le meilleur produit, le meilleur procédé offert par le marché, comparer et calculer le retour sur l’investissement, estimer les gains potentiels. Or les élus ont besoin de résultats immédiats pour se faire réélire. Et faute de planification et de programmation, les acheteurs agissent toujours dans l’urgence. D’où l’intérêt de réseaux comme ICLEI capables de diffuser les bonnes pratiques modélisables ou de diffuser des outils utilisables par tous. La conférence a d’ailleurs été l’occasion de présenter un tableur, baptisé « LCC Co2 tool ». Financé par le programme Smart SPP (pour sustainable public procurement, ou achat public durable dans la langue de Molière), projet européen chargé de favoriser l'introduction de nouvelles technologies à faible émission de carbone, l’outil a été mis au point par l’Eco-institut de Barcelone et l'Öko-Institut eV, agence allemande de recherche et de conseil dans le secteur du durable, avec le soutien d’ICLEI.

Un comparateur d’offres

Il permet de calculer, en théorie pour tous les types de marchés, les coûts du cycle de vie (LCC) et d’estimer l’empreinte carbone de différents produits ou services. Imaginé comme une aide à la décision, il est capable de comparer les offres remises par les candidats sous forme de résultats graphiques. Le tableur, disponible sous format excel et bientôt en HTML, a notamment été testé par la mairie de Cascais (Portugal) pour comparer trois solutions d’éclairage des rues, et par la ville de Kolding (Danemark), à l’occasion du changement d’éclairage de ses bureaux (20 000 points). L’outil est performant lorsqu’il est la suite logique d’un processus abouti et réfléchi. La commune danoise a pris la peine d’identifier, avant de lancer son appel d’offres, les solutions disponibles sur le marché afin de remplacer les ampoules à incandescence, les lampes et les spots halogènes, et a porté son choix sur la technologie LED. Après avoir défini les spécifications désirées (durée de vie, énergie consommée, efficacité lumineuse…), elle a aussi pris soin d’informer les fournisseurs potentiels en organisant une réunion de présentation de ses nouveaux besoins, pratiquement un an avant le lancement officiel de la mise en concurrence. Pour rendre le marché plus attractif, la ville a invité d’autres communes à la rejoindre au sein d’un groupement de commandes. Mais son maniement n’est pas forcément aisé, comme l’a constaté Bromley, commune de l’agglomération londonienne, à l’occasion d’un appel d’offres d’appareils multi-fonctions (imprimantes combinées, photocopieurs, scanners et fax machines). L’outil implique une importante moisson d’informations auprès des candidats, ce qui n’est pas gagné, surtout côté PME. Les entreprises ont ainsi objecté à la collectivité britannique qu’elles étaient tout à fait capables de démontrer les performances de leurs équipements par leurs propres moyens…La mairie de Barcelone a préféré employer le tableur après l’attribution d’un marché. La ville catalane voulait intégrer des données réelles et déterminer les coûts véritables afin de bien préparer les futures mises en concurrence.

(1) Lire notre article Manuel Procura + : la boite à outils de l’achat responsable

(2) Pour télécharger l’outil (version en anglais) Outil de calcul du coût global (1.45 MB)