La lettre d'achatpublic.info n°452

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Les semaines passent et toujours la même litanie, décourageante, pour ne pas dire désespérante : le chômage grimpe, les entreprises ferment et le pouvoir d'achat décline. Face à ces grands maux nationaux, n'est-il finalement pas dérisoire de parler de critères de pondération, méthode de notation et autre référé précontractuel, véritables barbarismes aux yeux des non initiés ? Il suffit de constater le visage, mi incrédule, mi déconcerté, de mes interlocuteurs, au moment où je leur explique que je travaille dans le domaine de l'achat public (moment décisif d'ailleurs où l'éblouissement provoqué par le mot journaliste est rapidement éclipsé par la confusion qu'inspire le mots achat public), pour que ce questionnement me saisisse. Arrive alors immanquablement la (providentielle) question : « Mais c'est quoi l'achat public ?! » (J'ai l'espoir d'imaginer que la situation ne vous est pas étrangère). Et bien, l'achat public, répons-je (et peut-être en faites-vous autant), c'est par exemple les petits entrepreneurs et les élus du Languedoc-Roussillon qui réfléchissent aux moyens de lutter contre les offres prédatrices des entreprises étrangères, suite notamment à l'attribution d'un marché de construction de chalets à Gruissan à une société tchèque défiant toute concurrence (lire notre article). Ce sont aussi des conseils pour rédiger intelligemment une charte de déontologie, salutaire document permettant de promouvoir l'insertion sociale et la défense de l'environnement, de lutter contre la corruption, les conflits d'intérêt et autres abus de biens sociaux, dont les effets dévastateurs n'ont certainement encore pas été appréciés à leur juste mesure par la classe politique (lire l'invité du jeudi). L'achat public, c'est parfois toucher du doigt la science mathématique, avec l'annulation, par le conseil d'Etat, d'une méthode de notation du critère prix de la ville de Marseille (lire notre article). C'est parler du chantier de reconstruction des Halles, au coeur de Paris, dans le cadre duquel l'équipe de maîtrise d'œuvre a vu sa rémunération augmenter de 28,8% sans que l'équilibre du contrat ne soit jugé rompu (lire notre article). Plus concrètement, l'achat public, c'est également la mise au point d'une recommandation pour gérer la mise au rebut des appareils électriques (lire notre article). Enfin, c'est parfois effleurer les cimes de la logique et de la raison, en explicitant les conclusions du rapporteur public de la plus haute juridiction administrative, lequel estime que pondérer le prix d'une prestation à 40%, alors même que ce prix est fixé réglementairement, ça n'a pas de sens (lire notre article). C'est à ce point, une fois ma démonstration faite, que mes doutes sont balayés. Car, vous le savez bien chers lecteurs, bien qu'ignoré du grand public, l'achat n'en est pas moins présent dans bien des strates de l'activité économique, sociale et politique du pays.