Il paraît que des esprits chagrins se déshydratent la rate à l'idée même que l'on puisse accrocher la Légion d'honneur sur le veston de Robert Zimmermann (Bob Dylan pour les intimes). Les mêmes n'ont pas fait tout un foin lorsque Céline Dion, un gestionnaire du patrimoine d'une milliardaire bien connue, ou Vladimir Poutine, démocrate notoire, ont été honorés. On a beau parcourir les colonnes du Journal officiel et s'user la cornée en tentant de distinguer des patronymes connus : les rubans rouges (ou bleus), présumés récompenser les citoyens méritants dans tous les secteurs d'activité, ornent rarement les boutonnières des acteurs du monde des achats. Catherine Bergeal, qui a quitté la DAJ la semaine dernière pour retourner au Conseil d'Etat (lire notre info), a fait partie de la promotion de Pâques 2012. « C'est avec des hochets que l'on mène les hommes », a dit Napoléon qui en connaissait un rayon sur le sujet. Alors j'ai bien envie de suggérer à la Chancellerie de créer l'Ordre de la commande publique avec tout le toutim, le cérémonial, les grades et dignités, agrémentés de barrettes ad hoc : « performance économique », «achat responsable », « procédures », que les praticiens pourraient arborer avec fierté. Après tout, certains d'entre eux ne font-ils pas économiser des millions d'euros aux caisses publiques tous les mois ? Parmi les premiers récipiendaires, je verrai bien Eric Capelle, directeur des achats du CEA, établissement qui mène une politique érigée en modèle par le SAE (lire notre article) ; Fabrice Strady qui a rénové les procédures d'achat de la ville de Royan (lire notre article), ou encore Hervé de Trogoff chargé du pilotage du programme Phare qui vient de publier les douze bonnes pratiques de l'achat hospitalier (lire notre article). Comme toute médaille a son revers, on pourra aussi décerner les palmes du contentieux de la plus belle boulette d'un mémoire technique : une petite erreur de plume et ce sont 123 lots que la société soumissionnaire voit disparaître en fumée (lire notre article). Bon, allez je vous laisse, je dois refaire la décoration de mon bureau, sinon je me vais me faire bananer. A la semaine prochaine, sans doute.