Plus belle la commande publique (E 3/S 1) - Nous pénétrons, ivres de feu ; Céleste, ton royaume ! Tes magies renouent ce que les coutumes avec rigueur divisent ; Tous les humains deviennent frères. Là où ta douce aile s'étend. Ce matin, la vibrante partition de l'Hymne à la joie résonne, cristalline, dans les bureaux de la commande publique de Pichade-sur-Mer. A peine arrivé, Léopold Kriter-Malpondairez, chargé du contentieux, s'inquiète : « Que se passe-t-il ? ». « Le Parlement européen a adopté les nouvelles directives, alors on marque le coup », rigole Marc Benche, le responsable des études de marché (lire notre article). « On verra ça après la transposition. J'ai d'autres chats à fouetter, notamment blinder notre futur contrat de partenariat. Deux piscines en PPP viennent de boire la tasse, parce le magistrat n'a pas admis le caractère complexe du projet (lire notre article), et ça sent aussi le roussi pour celui du TGI de Paris, exactement pour les mêmes raisons (lire notre info). En plus, je dois plancher sur le risque lié aux travailleurs détachés et éplucher l'analyse des avocats Thomas Laffargue et Denis Chalavon (lire notre commentaire). La question irrite les entreprises françaises, particulièrement la CAPEB (lire notre invité du jeudi). » Dans un coin, Thomas Gréhagré, toujours aussi motivé, préfère feuilleter le dernier numéro de Clauseur, le magazine people (prononcez pipeul, NDR) des acheteurs publics. La success story de Farida Laidaoui, qui a réussi à acquérir des uniformes éco-responsables pour le musée du Louvre tout en réduisant la facture, s'étale à la une (lire notre article). « Waouh, les gars, v'nez voir, y a la photo du patron sur deux pages ! ». En effet, on reconnaît aisément malgré son casque Jean-Aymar Démapa, le directeur du service juché sur un scooter face à la comédienne Julie Egayé. Les tourtereaux se dévisagent tels des ados transis. « Regardez le titre : ils s'aiment depuis deux ans ! » « Mince, ça va jaser alors qu'il devait présenter la nouvelle stratégie d'achat au conseil municipal », commente Richard Lainfructueux, spécialiste du sourcing. « Ou alors ça lui permettra de détourner l'attention, étant donné que son plan, c'est le vide sidéral », persifle son collègue. Bon allez, c'est la fin de cet édito idyllique et fleur bleue. A la semaine prochaine, peut-être…