
Edito 580
A choisir, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, aurait été bien inspirée de demander un portefeuille financier lors du dernier nano-remaniement matignonesque. Car s’attaquer au code des marchés, c’est certes délicat, un travail d’orfèvre serait-on tenté de dire, mais assurément moins périlleux que de vouloir retoucher le code du travail. La refonte des règles de la commande publique ne provoque point de pétitions réunissant près de 840 000 signatures, ne déclenche ni huées au salon de l’Agriculture, ni charivari dans les travées du Parlement, ni tsunami émotionnel des réseaux sociaux, ni conclaves interminables du genre « faites monter la bière et les sandwiches » avec les organisations syndicales, encore moins de pneus brûlés devant les péages des autoroutes. Qu’on se le dise chez les jeunes loups et louves aux dents longues qui rayent le parquet et qui rêvent d’avoir un maroquin sans toutefois déclencher l’ire populaire, les acheteurs sont sages, très sages, et peu prompts à descendre dans la rue. De mémoire d’homme, on n’a jamais vu de défilés entre Nation et République où des acheteurs, excédés par leurs conditions de travail et le changement régulier des règles du jeu, auraient battu le pavé en brandissant des cercueils sur lesquels on pourrait lire « ici gît la DAJ » tout en scandant des mots d’ordre bien sentis du type « Bruxelles, tes directives, direct à la poubelle », « Bercy, ton ordonnance, c’est de la démence », ou encore « Halte à la diarrhée des référés». Bien au contraire. Pour preuve, Sophie Cahoreau, devenue gestionnaire de marchés vingt ans après son entrée dans la Fonction publique, se félicite d’un futur cadre qui va dans le « bon sens » (lire notre invité du jeudi). Même si elle garde un œil sur le chat et l’autre sur la souris, l’Association des acheteurs publics (AAP) se dit satisfaite du projet de décret, attendu désormais fin mars, à sa sortie d’un rendez-vous avec la direction des affaires juridiques (lire notre article). Une catégorie de Français qui accepte la réforme quasiment sans rouspétance, sans menace de torgnoles à tire-larigot, c’est y pas beau ? Et qui conserve un calme olympien, malgré les incertitudes du lendemain provoquées par la jurisprudence (voir notre article sur la régularisation de l’AE), les usines à gaz procédurales inventées par des détraqués, à l’image du partenariat d’innovation qui ne fait pourtant même pas peur à la SNCF (lire notre article), les plaintes pénales déposées par des fournisseurs furibonds (lire notre article), ou la philosophie centralisatrice sous-jacente du décret intronisant la direction des achats de l’Etat et publié ce matin au JO (lire notre info). Bon allez, j’arrête cet édito calomnieux car c’est peut-être le calme avant la tempête. A la semaine prochaine, avec un peu de chance.
Jean-Marc Binot
Jean-Marc Binot


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