Retour à l’achat primaire

  • 20/05/2021
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"L'humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d'esprit"
Charlie Chaplin


C’était la nuit d’une trop longue journée, bien trop caféinée, à décrypter une jurisprudence "Marchés publics" bien trop touffue.... Bien incapable de lire ou de m’endormir, devant les yeux écarquillés de mes félins (qui eux, n’attendent qu’une chose, s’endormir...), je "zappe" à travers les programmes nocturnes du petit écran.
Et là, je tombe sur une émission de téléréalité extraordinaire ! Une femme et un homme, dans le plus simple appareil, armés seulement  d’une pierre à feu et d’une machette, ont pour mission de survivre trois semaines dans un milieu sauvage et particulièrement hostile.
« Retour à l’instinct primaire ». C’est le nom de l’émission. Avec la fatigue, tout s’emmêle… Et si on revenait à l’"Achat primaire" ? 

Soyons clairs, et restons dans le cadre de la bienséance : je ne m’aventure certes pas à imaginer des acheteurs publics exerçant dans la tenue d’Adam et Eve, ni même ne règlent les problèmes à coup de machette ! Mais les associations d’idées font leur œuvre.
En résumé, l’émission vante les vertus de la solidarité, de la coopération de l’opiniâtreté et du travail d’équipe, dans la poursuite d’objectifs aussi simples que vitaux… Ah oui … il peut y avoir un lien avec l’achat public.
 

Revenir aux reflexes « de base »

"Sécuriser ses approvisionnements", assurer son indépendance, éviter les « mono-sources », développer des sources alternatives… oui, l’acheteur public doit puiser en lui quelques reflexes de bases (relire "Sécurité des approvisionnements : "encore une fois, c'est le bon sens qui prime"). On les retrouve aussi en filigrane dans cette enquête sur les vertus de la diversification dans la commande publique (lire "Diversifier ses fournisseurs : le propre d’une politique achat responsable"). Faire preuve se solidarité ? sans aucun doute (lire "Pénurie de matières premières : le Gouvernement en appelle aux acheteurs publics").
Bien évaluer la situation, aussi. Cette semaine, nous avons relevé cette décision de la CAA de Marseille, qui rappelle que, s’il veut pouvoir s’en prévaloir, le constructeur doit avoir signalé le financement insuffisant des travaux au maître d’ouvrage (lire « notre brève »). Car, oui décidément, savoir précisément évaluer un engagement, c’est une qualité indispensable (lire "Accord-cadre sans aucune « indication » de la valeur du marché").

L'acheteur public en mode"survivaliste", indépendamment de celui qui perd le réseau (relire "Quand la commande publique joue la surprise"), c’est celui qui ne laisse rien au hasard. 

Enfin, l’acheteur à l’instinct primaire bien trempé, c’est celui qui ose. Nous nous sommes par exemple arrêtés sur les incitations à oser les variantes (relire "« Oser les variantes dans les marchés publics » avec la DAE"). Cette semaine, nous avons interrogé l’Ugap, qui, pour l’achat de matériel informatique, a eu recours à une technique d’acquisition pourtant peu en vogue chez les pouvoirs adjudicateurs (lire "L'UGAP joue la carte du SAD…").
 

Evolution et permanence des compétences

Tout cela ne serait-il-il qu’une divagation nocturne à caractère onirique ? A voir !
La crise liée à la pandémie est l’occasion de s’interroger sur les qualités requises, voire exigées, des l’acheteur public. La réponse, en juin dernier : « La gestion des risques est désormais considérée comme une " hard skill"capitale de l’acheteur public, dont les qualités attendues sont la "proactivité" et la "résilience au stress" » ( relire "Fonction Achat : les conséquences et enseignements de la crise covid-19")

Que cherche alors  à définir cette nouvelle enquête « les acheteurs d’aujourd’hui sont-ils prêts pour les Achats de demain ? » issue de la première édition de l’Observatoire de la fonction Achats réalisée par Michael Page et du Conseil National des Achats (CNA) ? « Le top 5 des compétences de l’acheteur en 2030 » ! Et que retrouve–t-on dans ce palmarès des compétences attendues de l’acheteur ? : l’innovation, le déploiement de stratégie, la maîtrise des outils, et l’analyse de la vulnérabilité du réseau des fournisseurs (lire "Les acheteurs sont-ils prêts pour les Achats de demain ?").
Seuls les outils évoluent… pas les qualités intrinsèques à l’exercice de la fonction !

Allez, la semaine prochaine, je fais un lien entre la commande publique et l’ouvrage "Désobéir" (Frédéric Gros- Album Michel), dont j’entame, entre deux arrêts, la lecture.
On verra bien ce que cela donne…
 
Jean-Marc Joannès