Etablir une méthode d’estimation des charges de travail rationnelle et indiscutable en prestation de maintenance informatique, c’est loin d’être facile. Dans ce domaine, en effet, la plupart des marchés repose sur un prix exprimé en jours/hommes, dont l’appréciation reste subjective, et qui peut parfois être source de tensions entre le prestataire externe et l’organisme qui l’emploie. Tel était le cas des marchés lancés par la direction des systèmes informatiques (DSI) de la région PACA jusqu’en 2007 pour faire assurer la maintenance corrective et évolutive des applications informatiques, nommées dans le jargon professionnel les marchés de tierce maintenance applicative (TMA). Les TMA consistent à mettre à disposition, par les titulaires, des intervenants définis selon leur profil : directeur de projet, chef de projet, développeur, etc. , chacun de ces profils correspondant à un prix unitaire. Ainsi, le conseil régional de PACA jugeait-il les offres en se basant sur le devis quantitatif estimatif des candidats. « Nos premiers marchés leur ont laissé l’initiative de proposer, à l’appui de leur offre, leur méthodologie, leurs procédures et leurs indicateurs de suivi de l’exécution des prestations, explique Didier Venturini, le patron de la DSI. Le problème, c’est que ce système incite les sociétés de service à proposer des prix très bas pour remporter l’appel d’offres, puis à charger la barque en jours/hommes, concernant les développements à effectuer, pour se rattraper financièrement. Ce n’est pas satisfaisant car aucun élément indiscutable ne permet d’évaluer le nombre de journées d’un chef de projet ou d’un ingénieur en développement par exemple. Il n’y a pas vraiment de lien entre le prix des intervenants et la prestation elle-même», commente-t-il.

Reformuler les unités de prix

Souhaitant inverser la vapeur, la DSI s’est donc lancée dans un gros travail de définition de sa propre méthode d’estimation des charges de travail (voir les documents en lien) et d’environnement informatique, afin de maîtriser les coûts des prestations et acquérir une indépendance technique vis-à-vis des prestataires. C’est ce qui lui a valu la troisième place du podium des trophées de la commande publique 2011 dans la catégorie générale. Débutée en 2007, cette ambitieuse démarche s’est parachevée en mars 2011 avec le dernier marché de TMA en date, lequel impose aux candidats une pratique de gestion de projets informatiques. Désormais, l’estimation du travail à réaliser se fait en fonction de la méthode d’estimation des charges de la DSI PACA : « Il n’y a plus de tricherie possible ! », se rengorge Didier Venturini. Concrètement, le bordereau de prix unitaires se base sur des unités d’œuvre qui correspondent chacune à une prestation particulière du marché : maintenance corrective, maintenance évolutive, assistance, demande de travaux de requêtes, etc. : « On décompose la réalisation des prestations en unités d’oeuvre qui ont chacune une valeur financière déterminée », précise le directeur. Mais ce n’est pas tout : « Il faut aussi cadrer le développement informatique effectué par les intervenants extérieurs pour éviter de se retrouver avec des applications bourrées de bugs et sans documentation, souligne le responsable. Nous avons donc imposé aux candidats nos propres normes de développement et notre langage de programmation afin d'acquérir également une meilleure maîtrise du code source des applications développées. Quel que soit le titulaire du marché, nous disposons d’un code source uniforme. C’est également imposé en interne. Ainsi, tout le monde parle le même langage et personne ne dépend du prestataire », se réjouit-il.

Primes incitatives

Le marché prévoit également que les prestations soient effectuées en respectant une convention de service (voir document en lien ci-dessous) qui formalise les règles d’un suivi de qualité de la maintenance, grâce notamment à des indicateurs de suivi. « Chaque trimestre, nous calculons la note globale de qualité des prestations sur 20 », poursuit-il. Un système de bonus/malus gratifie ou pénalise les intervenants en fonction de la note obtenue (voir document en lien ci-dessous) : « Pour toute note inférieure ou égale à 10/20, le prestataire se voit amputer de 4% du montant de la facture trimestrielle. Entre 10 et 11/20, il à 3% de pénalités, 2% entre 11 et 12/20, 1% entre 12 et 13/20, 0% à 14/20. Le bonus démarre à partir 15/20, note à partir de laquelle ils reçoivent 1% de bénéfice et ainsi de suite les notes suivantes jusqu’à recueillir 4% supplémentaires du montant de la facture trimestrielle à partir de 18/20, explique Didier Venturini. Ce système est un levier pour motiver les équipes du côté des prestataires et facilite les rapports entre eux et nous sur le temps nécessaire pour développer une application, vu que le système est totalement transparent. » L’élaboration de ce dispositif complexe et abouti s’est fait en tandem entre Didier Venturini pour la partie technique et Jérôme Capdeville pour la partie juridique du marché : « Il est le gardien du temple juridique. C’est avec lui que j’ai élaboré le montage et la conception du marché, les critères de jugement des offres. C’est lui qui m’a proposé d’établir le système de la prime incitative. Il contrôle et met en forme juridiquement ce que les services techniques imaginent, indique le directeur. Au sein du conseil régional, les services qui passent beaucoup de marchés dans l’année disposent d’un spécialiste juridique pour monter les marchés. » La DSI est depuis le mois de juillet dernier certifiée « CMMI maturité 2 », une démarche qualité dans le domaine des projets applicatifs informatiques. La région PACA est ainsi la première collectivité de France à obtenir cette reconnaissance.

Bordereau prix unitaire Marche TMA PACA (155.16 kB)
Estimation de charges en TMA PACA (190.29 kB)
Normes de developpement en TMA (6.67 MB)
Bareme penalites et primes incitatives TMA Region PACA (8.61 kB)
Convention de service TMA region PACA (263.12 kB)
Rapport comite suivi marche TMA PACA (298.98 kB)
Marche TMA Region PACA phases et jalons de la methode CMMI (92.3 kB)