« On est gouverné par des lascars qui fixent le prix de la betterave mais qui ne pourraient pas faire pousser des carottes ». Cet apophtegme de haute volée est signé Michel Audiard, dialoguiste génial et inégalé. Paré de bien des vertus, le dialogue est loué, adulé dans notre société : que de fois avons nous entendu qu'il fallait « renouer le dialogue » entre politiques et société civile, entre policiers et jeunes, entre parents et ados, entre la communauté internationale et l'Iran ? La commande publique n'échappe pas au phénomène. Adepte du « questions pour un champion » au Sénat, Bernard Piras regrette l'absence de consultation : les réformes s'enchaînent et les élus subissent (lire notre invité du jeudi). Du côté des concédants et concessionnaires de gaz et d'électricité, l'heure est aussi à l'écoute et à la diplomatie, car on a un peu le sentiment que c'est du je t'aime, moi non plus, comme on a pu s'en rendre compte au dernier congrès de la FNCCR à Annecy (lire notre sourcing). Pourtant, il y a des raisons d'espérer. Le CCAG travaux, publié au JO jeudi, que nous présente en exclusivité Catherine Bergeal (lire notre article), est le fruit d'échanges et de concertations. Malgré sa lourdeur, le dialogue - compétitif, forcément - objet d'une récente décision éclairante du TA de Paris (lire notre article) a séduit l'Ille-et-Vilaine à l'occasion de la refonte de son magazine (lire notre article). Le conseil général s'est rendu compte que la formule est efficace à condition de ne pas charger la barque : quatre des cinq candidats ont fait défection en cours de procédure. A trop exiger, le partenaire risque de rendre les armes en plein effort… Demandez son avis à Félix Faure.

Jean-Marc Binot

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