La lettre d'achatpublic.info n°401

  • 02/03/2012
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Triste nouvelle pour la profession. Après quinze ans de bons et loyaux services, Patrick Mc Murphy, acheteur public, vient d'être interné. Ses parents - des gens avisés - l'avaient pourtant prévenu : il fallait vraiment être un doux dingue pour choisir cette carrière. Dépenser toujours moins en obtenant toujours mieux, massifier en donnant un coup de pouce aux PME, tenter d'accorder les violons au sein de groupements de commande, jouer les équilibristes en voulant concilier le coût global sur la durée et l'agenda à court terme des politiques, c'était la camisole assurée ! Sans oublier, comme si cela ne suffisait pas, le risque pénal.
Près de la machine à café, ses collègues racontent, à voix basse, qu'il aurait craqué en lisant les gros titres de la presse pro, notamment une condamnation pour délit de favoritisme, raillée par des avocats pour ses approximations. Selon eux, le juge pénal serait complètement à côté de la plaque (lire notre article). « J'ai vu une lueur inquiétante dans ses yeux, son regard était halluciné », témoigne, traumatisée, son assistante. « Le pauvre, il avait demandé à un attributaire qui s'était présenté sous la forme d'un groupement, de transformer cette candidature en candidature individuelle. Le choc a été terrible quand il a appris que cette pratique était à proscrire (lire notre article) », confie pour sa part un prescripteur qui tient à conserver l'anonymat. « Un jour, je l'ai croisé dans le couloir. Il venait de prendre connaissance d'un arrêt du Conseil d'Etat et répétait en boucle : il ne faut pas confondre facture et mémoire en réclamation, il ne faut pas confondre facture et mémoire en réclamation, il ne faut pas confondre facture et mémoire en réclamation (lire notre panorama). Cela m'a fait froid dans le dos », se rappelle un agent de la DRH. « L'affaire de Six-Fours-les-Plages l'avait sérieusement ébranlé. Il n'arrêtait pas de s'interroger sur l'interprétation des dispositions du règlement de la consultation portant sur les pièces à fournir à l'appui de l'offre (lire notre info) », se souvient le médecin du travail qui avait alerté la hiérarchie sur les lubies et comportements bizarres de Mc Murphy. « Un jour, on était allé entre collègues au restaurant chinois. Il avait menacé le serveur et brandi le projet de texte de la Commission européenne sur la réciprocité de l'accès aux marchés : oeil pour œil, dent pour dent, hurlait-il (lire notre article). Le lendemain, on l'avait découvert, catatonique, contemplant, la bave aux lèvres, l'instruction du 26 janvier 2012 relative aux redressements et liquidations judiciaires intervenant en cours d'exécution des marchés publics. Dommage qu'il n'ait pas pu lire les explications de l'avocat David Taron (lire notre invité du jeudi). » Bon allez, c'est fin de cet édito dément et déséquilibré sinon je vais tomber sous le coup d'une demande d'hospitalisation à la demande d'un tiers. Au bureau, c'est l'hystérie, le Sicilien a convaincu Louiza de faire des gâteaux au miel. A la semaine prochaine, si on me relâche (1)...

Jean-Marc Binot

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(1) Note du webmaster : c'est pas gagné...