Audantes fortuna juvat

  • 13/12/2018
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Qui eût cru que cette expression tirée de l’Enéide de Virgile irait comme un gant aux acheteurs publics ? Certains d’entre eux n’ont pourtant pas froid aux yeux, à des années-lumière des clichés courtelinesques de responsables marchés, lustrines aux manches, s’usant les yeux à disséquer, à l’instar des hiérologues, les textes réglementaires reliés avec amour par le service de la reprographie, en s’humectant les doigts pour mieux tourner les pages, sans connaître toutefois le destin du moine boursouflé du Nom de la rose. Trois des plus hardis, de véritables paladins de la commande publique, n’ont pas hésité à affronter la redoutable épreuve du Pecha Kucha - supplice inventé par les Nippons et qu’il ne s’agit pas de confondre avec le Macchu Pichu ou le Prêchi Prêcha - un exposé oral accompagné de 20 diapos projetés à raison d’une planche toutes les 20 secondes. Soit 6 minutes 40 top chrono pour expliquer comment ils avaient réussi à dégager des économies importantes en sortant des sentiers battus. Ce trio d’acheteurs métropolitains (lire notre article) a indiqué la voie à suivre, de l’achat groupé de gaz à Strasbourg avec une clause de révision des prix imaginée par les candidats (2 millions d’économies par an) jusqu’à la reconfiguration du marché de déchetterie à Brest (rotations des camions allégées de 13 000 km, soit 68 tonnes équivalent CO2) assortie d’une clause de performance, en passant par les marchés subséquents passés à très vive allure par Aix-Marseille-Provence pour acquérir du gasoil (600 000 euros de gains escomptés fin 2019 et 1,5 millions fin 2020). A l’image de leurs collègues de la DIRISI qui ont, via un montage contractuel DEEE tout neuf, transformé un coût en recettes (lire notre article), ils ont dépoussiéré les méthodes de travail, utilisé jusqu’aux confins les facultés permises par la réglementation, transformé la relation fournisseur, et prouvé au final que l’achat innovant ne se limitait pas à la pêche aux start-up ou aux produits high tech, histoire de remplir le quota de 2% d’ici 2020. Bon allez, je m’égare, un peu comme une niçoise sortant d’une boulangerie et perdue dans les rues bordelaises. A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot