Sourcing : les acheteurs doivent se mettre en mode « séduction »

  • 24/05/2019
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Que se passe-t-il avec le sourcing ? Est-ce que cela ne prendrait pas, coté entreprises ? Est-ce que les acheteurs publics y renâcleraient encore quelque peu ?
 

Une pratique officialisée

Lorsque que la pratique du sourcing a été « officialisée », par l’article 4 du décret du 25 mars 2016 (désormais inscrite à l’article R. 2111-1 du Code de la commande publique) beaucoup faisaient mine d’être « blasés » : « en réalité, nous pratiquons le sourcing depuis longtemps !» avançaient certains, un brin goguenard face au béotien qui s’étonnait de cette reconnaissance.
Pour la Direction des affaires juridiques de Bercy, il y avait pourtant bien un enjeu de taille, à « officialiser » par les textes les consultations ou études de marché préalables : c’était affirmer, haut et fort que, désormais, l’achat public est une fonction économique, et non plus une mission uniquement juridico-administrative.

Pour Bercy, « officialiser » le sourcing, c’était affirmer que, désormais, l’achat public est une fonction économique, et non plus une mission uniquement juridico-administrative.

Il s’agissait aussi de signifier la confiance accordée aux acheteurs : avec plus de marges de manœuvre, ils ne devraient plus hésiter à aller au-devant des fournisseurs. Un véritable changement de culture, à tous les niveaux, dans tous les services et jusqu’à l’élu. C’est vrai que la confiance, cela se gagne un peu tous les jours (lire : La confiance : "l’arme absolue de l’acheteur") !
Le sourcing, c’est donc, sur le papier, dépasser l’image du juriste austère, soucieux essentiellement de sécuriser la passation du marché. C’est accepter d’être ce professionnel qui réfléchit, anticipe et accompagne les marchés. 
Finies, les inhibitions ! Le hic, c’est que la sauce ne prend peut être pas...
 

Franchir le Rubicon

Du coté acheteur public, on peut comprendre que le Rubicon soit délicat à franchir : il peut être confronté au risque d’annulation du marché en raison d’un manquement à l’impartialité. Mais aussi au risque pénal, et ce d’autant plus que le juge criminel se contente d’un soupçon d’impartialité pour caractériser le délit de prise illégale d’intérêts, même sans retenir un zest d’élément intentionnel.
Pourtant, et c’est significatif, la Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche-Comté n’a elle pas hésité à inviter les services de la ville de Gray, à la suite de son contrôle, à entamer « des échanges préalables avec des candidats potentiels, afin de les motiver à répondre à la consultation » (Lire notre article Quand le juge financier pousse au sourcing).
 

Plan de sauvetage

Comme si la pratique devait bénéficier d’un plan de sauvetage, le sourcing est de plus en plus mis en avant lors de manifestations dédiées qui ne cessent de se multiplier, ces temps-cis.
Dans une démarche conjointe, le département de Gironde et le conseil régional Nouvelle Aquitaine, ont organisé pour la première fois, le 21 mai (lire Opération séduction des acheteurs publics (et privés) à Bordeaux) un salon des acheteurs « inversé». Les deux collectivités  entendent rendre les marchés publics accessibles et surtout attractifs. Surtout, « pour les acheteurs c’est aussi l’occasion unique, en une seule journée, d’accélérer leur sourcing pour accroître leur compétitivité ».
Dans le Gard, l’Office des entreprises de l’Agglo du Gard rhodanien organise, elle, pour le 4 juin, "une grande soirée des investissements". Le but ? présenter aux entreprises du territoire les projets et investissements à venir de l’agglo et des 44 communes qui la composent pour 2019 et 2020.

Pousser au sourcing, donc. Tout autant les acheteurs publics que les entreprises... Alors, le sourcing est-il en crise (de croissance) ?
Jean-Marc Joannès