Eviter l’élimination des déchets de chantier coûte que coûte

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La valorisation des déchets sur un chantier est une des problématiques abordées par le Conseil national des achats, en ce début du mois de juin. L’occasion de réunir un ensemble d’acteurs de ce secteur, afin de faire un point sur ce segment, qui ne cesse d’évoluer ces dernières années au gré des législations. Et de mettre également en lumière les difficultés rencontrées…

Le Conseil national des achats (CNA) se penche sur la gestion des déchets issus d’une opération de travaux, au cours d’un webinaire, en ce début du mois de juin. Elle serait loin d’être optimum en France, à entendre Kevin Doppler, vice-président du Conseil national des achats (CNA) Grand-Est, en ouverture.
Sur 326 millions de tonnes de déchets produits dans l’Hexagone, 224 millions de tonnes proviennent du secteur de la construction (statistiques ADEME).
 

La valorisation du déchet une opération a priori peu rentable


Le tri est perçu comme moins rentable en comparaison d’un dépôt en décharge

En principe, depuis 2020, les personnes publiques doivent s’assurer qu’au moins 70 % des matières et déchets produits sur les chantiers de construction ou d’entretien routiers, dont elles sont maîtres d'ouvrage, sont réemployés ou orientés vers le recyclage ou les autres formes de valorisation matière, selon l’article 79 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. D’après Kevin Doppler, l’atteinte de cet objectif serait de l’ordre de 40 à 60 % dans le domaine de la construction neuve. En revanche, dès lors que l’opération porte sur de la réhabilitation, la part de déchet valorisée avoisinerait les 10 à 30 %. Un résultatbien en deçà du seuil....

Ce faible taux de revalorisation peut s’expliquer, selon Jerome de Tomasi, fondateur de Waste Marketplace (une solution digitale en vue de faciliter la gestion des déchets industriels et de chantiers), par le fait que le tri est perçu comme moins rentable en comparaison d’un dépôt en décharge par les entreprises de traitement des déchets qui se voient confier cette mission lors d’un chantier.
Par ailleurs, Jerome de Tomasi relève que les territoires sont inégalement équipés. Certains disposent des outils de traitements et de nombreux prestataires implantés ; d’autres sont plutôt en déficit. Qui plus est, la question de la prise en charge des coûts est prégnante, puisqu’ils seront in fine refacturés et donc supportés par le consommateur final, à savoir le donneur d’ordre. Sans oublier que la multiplicité des bennes complexifie l’organisation de l’espace sur le chantier, ajoute Kevin Doppler, responsable relations fournisseurs chez Soprema Entreprises, société spécialisée dans le domaine de la pose de toiture, charpente et façade.
 

La gestion des déchets, une affaire de spécialiste


La plupart des entrepreneurs entendent simplifier la gestion des déchets, tout en recherchant à limiter son coût. La méthode souvent privilégiée est de confier cette tâche à un seul prestataire qui va venir récupérer tous types de déchets sur le site, constate Jerome de Tomasi. Or, « le déchet est une affaire de spécialiste », insiste-t-il. Les majors de ce secteur ne sont pas forcément compétentes pour traiter l’ensemble de ces biens.
En outre, tous les biens ne peuvent être réemployés rappelle Jerome de Tomasi. Comme l’explique Sabrina Ferlay, co-fondatrice et chargée de mission économie circulaire (Les Bonnes Matière), certains sont d’ores et déjà qualifiés par nature de déchets, comme les matériaux dangereux tels que l’amiante et le plomb. Il y a également des matériaux qui, soit ne peuvent plus être réemployés dès lors qu’ils sont posés ; soit ne trouvent pas de débouchés par la suite. Il serait préférable que les acteurs optent pour l’élimination du bien, par l’enfouissement ou l’incinération, en dernier recours, s’il n’existe pas d’autres choix.

Sabrina Ferlay expose d’autres solutions afin que le bien ne soit pas caractérisé comme un déchet. Est un déchet : « Tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l'obligation de se défaire » (C. env., art. L. 541-1-1).
Le réemploi consiste à utiliser le bien dans ses mêmes fonctions, et à le replacer au même endroit ou sur un autre projet. Le réemploi avec détournement d’usage est un moyen, dans ce cas de figure, de donner à l’objet une fonction autre que celle d’origine. Ensuite, il y a le surcyclage (dont le but est de transformer des déchets en produits de qualité supérieure) ou le recyclage. E
nfin, il existe la valorisation énergétique pour les déchets qui ne peuvent être recyclés ou valorisés sous forme de matière ; ils sont ici utilisés pour produire de l’énergie, conclut Sabrina Ferlay.
 

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